• Beaucoup de gens pensent que je ne suis qu'un rabat-joie, un ours mal léché qui passe son temps à faire la gueule.
    Bon, d'accord, c'est vrai, je tire souvent cette gueule-là :
     






    Mais faudrait pas croire que c'est immuable. Il y a aussi des moments où une étrange euphorie s'empare de moi, et se communique même à mes collègues de travail... Et même Ranjhi ne peut pas s'empêcher de se mêler à nous pour partager ce moment d'hilarité...

     

    Non, nous ne fumons pas de l'herbe qui fait rigoler, ou quelque autre substance que ce soit.
    Si nous rions comme un quatuor de malades mentaux hystériques, c'est simplement que nous avons découvert le blog "La Nouvelle Tare". Un compte-rendu caustique des prime-time d'une émission qui passe sur la sixième chaîne, avec des chanteurs amateurs qui sont éliminés les uns après les autres par les votes du public, au profit du meilleur de celui qui fera frémir le plus les minettes.
    On a même collé une affiche dans le cyber-café, pour inciter les clients à visiter le blog.
    Sur l'affiche, on a écrit:

    Vous êtes dépressif? Vous êtes au chômage?
    Votre femme vous a quitté pour une femme?
    Votre patron vous traite comme une merde?
    Vous ne croyez plus en dieu? Vous venez d'arrêter de fumer?
    Vous êtes communiste? Vous vous trouvez moche?
    Quelques soient les raisons de votre désarroi,
    Visitez le blog "La Nouvelle Tare", et retrouvez la joie de vivre!
    http://lanouvelletare.over-blog.com/

    Depuis, on a fait des émules, et de petits groupes d'amateurs du blog se forment autour d'un pc pour lire les nouveaux commentaires furibards de gamines qui mouillent leur culotte pour un type qui sombrera dans l'oubli d'ici à six mois, voire moins encore...

    29 commentaires
  • Yuriko m'a reproché qu'on ne sortait pas assez. Mademoiselle a besoin de mondanités, et quand elle a vu l'affiche de l'expo, elle a décrété qu'on irait au vernissage.
    Après tout, je suis pas contre, les vernissages, c'est toujours une bonne occase de boire et manger à l'oeil, plutôt que de payer huit euros pour un coca en boîte de nuit...
    Quand j'ai vu sa tenue, ça m'a rendu un peu nerveux. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour repousser l'heure du départ et l'entraîner sous la couette, mais elle m'a opposé une farouche résistance, et j'ai du remballer mes envies.
    Sur place, je me suis senti soulagé que Marvin ne se soit pas tapé l'incruste avec nous, il m'aurait fait honte. Une exposition titrée "Pornax", ça l'aurait inspiré à mort...



    Une faune bigarrée s'ébat dans les salles de la galerie. Des d'jeun's à dreadlocks avec des calepins, vêtus de la dernière collection estivale de chez Emmaüs, probablement des étudiants en art... Des bobos, habillés de modèles uniques créés par une obscure styliste. Des costards cravates... Ça discute, ça rigole, ça s'exclame, ça débat sur l'Art Contemporain, ça picole... Où est le buffet gratuit?


    Ouais, ça faisait une éternité que je l'avais pas croisé, et je m'en portait pas plus mal.
    -Silvère, tu présentes ton ami à moi?
    Me tanne Yuriko.
    -C'est pas un ami, c'est juste une connaissance... Voici... euh.. Amour. Elle c'est Yuriko, ma copine...
    -Amour?... Comme "mon amour"?
    S'écrie-t-elle, interloquée.
    L'hermaphrodite rit doucement.
    -Oui mademoiselle, comme le sentiment... Permettez moi de vous saluer...




    Ile lui prend la main et l'effleure de ses lèvres, Yuriko marque une courte révérence, amusée par le baise-main.
    Elle se met à babiller:
    -Chez moi, "amour" ça se dit "Aï", et c'est aussi un prénom!
    - "Aï ", tiens donc! En France, "Aïe", c'est un cri de douleur! Héhé! L'Amour, ça fait mal!
    - Au Japon, on dit "Ité", quand on a mal.
    -Quelle langue fascinante...



    Et ils rient tous les deux. Ils continuent de deviser sur les différences de langage entre français et japonais... Yuriko ne fait plus du tout attention à moi, ravie de trouver un interlocuteur aussi affable. Amour ne se fait pas prier, et répond gentiment à toutes ses questions. Ils ne font plus du tout attention à moi. Faut que j'intervienne.

    -Ma chérie, tu voudrais pas aller me chercher à boire? Je meurs de soif...
    Amour en rajoute une couche :
    -Il y a des sushis au buffet, si vous le souhaitez... C'est juste dans la dernière salle, à gauche...
    -Je vais!! Attendez-moi ici!

    Yuriko exulte et part au petit trot.

    Amour se tourne alors vers moi, et m'adresse un sourire doux.
    -Ça fait bizarre de te voir fringué en homme, dis-je sans le regarder.
    Ile fait mine de ne pas m'avoir entendu.
    -Ça me fait plaisir de voir que tu vas mieux, vraiment.

    Après avoir dragué ma copine, ile peut lire la joie sur mon visage?
    -Je vois pas trop ce que ça peut te faire. On ne se connaît pas tant que ça.
    -Il n'est pas nécessaire de côtoyer les gens longtemps pour les connaître... Parfois l'intensité d'un bref moment suffit...


    Ah non. Ile va pas remettre ça. Je le toise d'un air mauvais.
    -Je vois pas de quoi tu veux parler. Je me souviens de rien.
    -'Faudrait quand-même qu'on en reparle, un jour...
    -Dans tes rêves, ouais.
    -Allez, changeons de sujet, 
    dit-ile d'un ton las.



    - "Divertissante"? Est-ce à dire qu'elle ne représente qu'un passe-temps agréable à tes yeux?
    -Bordel, c'est pas tes oignons! On se voit une fois par an, et t'
    échafaudes déjà des théories sur ma vie! T'as rien de mieux à faire de la tienne?
    -Okay, laisse tomber,
    grince-t-il, agacé.

    Yuriko revient avec un petit plateau garni de trois flûtes à champagne et de quelques petits fours salés et sucrés. Elle est toute fière de n'avoir rien renversé en chemin malgré la foule.
    Je prend un verre, Amour tente un "hari gato" (merci) en faisant une brève courbette, ce qui ravive encore l'excitation de Yuriko. Ile se met en devoir de nous guider à travers l'expo, nous expliquant la démarche de l'artiste, son parcours.... Ça pique aux yeux à mon avis, super détaillé, support complètement saturé d'informations visuelles... Le genre de truc qui aurait été allègrement taxé d' "art dégénéré" sous le troisième reich...




    Une heure plus tard, le tour de la galerie est terminé, j'ai le ventre plein et la tête qui tourne un peu (à cause des tableaux ou du mousseux?..sans doute un peu des deux). On se dit au revoir (et surtout à jamais), Amour prend congé poliment , mais au moment où l'on s'apprêtait à sortir, Yuriko lâche mon bras, et retourne en arrière. Je la vois discuter un peu avec et lui tendre une carte de visite. Puis elle revient vers moi.

    -Qu'est-ce que tu faisais?
    -Je disais aurevoir!
    Dit-elle avec un grand sourire.
    -Je t'ai vu lui donner une carte.
    -Oui! Pour plus tard...
    -Tu veux le revoir??!
    -Oui! Il est gentil! Tu me racontes comment tu le connais?
    -Heu...

    Pourquoi j'ai pas droit à l'oubli?...

     (merci à Jo99 pour le prêt de ses oeuvres...)

    suivant.jpg


    37 commentaires

  • Le Seigneur des Anneaux, c'est bien.
    Mais c'est long.
    Mais c'est bien.
    Mais c'est long.
    Mais c'est bien.
    Mais...


    51 commentaires


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