• (8) Sunset (ancienne version)

    Fin d'une anime désastreuse. Personne n'a voulu suivre le scénario que j'ai proposé. Les starlettes de services ont tout fait pour détourner le but de la quête. Rien ne m'énerve plus que ça. Je hais cette manière de faire. Après, c'est parti en considérations hors rôle play, plus personne ne se souciait de ce que j'étais en train de dire, les réclamations ont fusé de toute part, engueulades entre joueurs, "tu m'as pas laissé le dernier coffre à trésor", "on s'était mis d'accord que tu me laissais l'épée de foudre", et caetera...
    Du coup, j'ai renvoyé tout le monde sans donner le moindre point; le vieillard que j'incarne a maudit la troupe sur quatre générations. Je les ai tous téléporté en ville, qu'ils se démerdent pour trouver de quoi s'amuser.
    C'est dans ces moments-là que je me dis que je préfèrerais travailler à la poste.

     

    À l'Ouest, le soleil se couche, et le spectacle est tellement magnifique, que j'en oublie un peu ma colère. Les concepteurs d'Ysckemia sont de véritables artistes en matière de décor. J'assois mon avatar, et je contemple les montagnes qui se teintent de miel, d'ambre, de fauve. La sérénité me revient comme par enchantement.

    Je me souviens il y a deux ans, quand je suis parti en vacances avec Lise, et qu'on passait notre temps à regarder le soir tomber. Sans un mot, patiemment. Jusqu'à ce que le ciel se remplisse d'étoiles.
    Curieusement, cette évocation ne me fait pas trop souffrir cette fois. Le ciel virtuel d'Ysckemia absorbe totalement mes pensées.

     

      

     






    Je ressens soudain une présence. Je baisse les yeux, et en contrebas j'aperçois une silhouette claire, elle aussi assise dans l'herbe. J'ai oublié un joueur?




    Je me lève, et je descends la douzaine de mètres virtuels qui nous séparent. En m'approchant, je fais une identification du loggin du joueur : "Nihilo Ex".Ça doit être un nouveau, j'connais pas. Et pas de nom de personnage. Là va falloir que j'intervienne.

    -Hé toi, l'anime est terminée.

     

     

     

    Elle se retourne lentement, et me sourit. Et là, je bloque pour de bon. Scié.
    Après quelques secondes, je balbutie un nom, le seul logique qui me vienne à l'esprit.

     

     


    Le système réseau vient de crasher.
    Depuis mon bureau, j'entends les joueurs qui commencent à râler et geindre dans la salle de jeu.
    Mes collègues s'agitent autour de moi comme des fourmis pour trouver d'où vient la panne.

    Et moi, je reste comme un con, hébété.