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"Ventre affamé n'a pas d'oreille"
Par
Riff dans
Hordsckemia le
31 Août 2009 à 20:50
Il n’y avait eu qu’un seul mort depuis le jour de la fondation de la « ville ».
Mais l’un des survivants semblait prompt à rejoindre la Hordes, tant il peinait à rentrer, le soir venu.
Au point que c’était devenu LA bonne blague du moment.
Au coucher du soleil, il y avait toujours quelqu’un pour dire :
"-Qui va chercher Alexis ce soir ? "
ça en faisait ricaner quelques-uns, d’autres grinçaient des dents, d’autres encore s’en foutait totalement.
N’empêche qu’il y avait toujours une bonne âme pour aller chercher le clampin égaré pour la énième fois à deux kilomètres de la ville. D’ici quelques semaines, ça ne fera sans doute plus rire
personne. Et sans nulle doute également, Alexis finira dehors aux pied des remparts, ses cris d’horreur noyés par le vacarme des Hordes venues chercher pitance.
Riff se reposait dans sa cabane de tôle et de carton, le chat ronronnant sur son estomac plat.
Toujours pas de nourriture aujourd’hui pour les ouvriers. Seuls les expéditionnaires ont le droit de manger, pour aller plus loin, creuser plus longtemps dans le désert.
Ile songe à nouveau à l’abri sur le plateau rocheux, au vieux fou qui habitait là. Ile se rappelle ce fameux soir…
Il n’y avait plus rien à manger depuis trois jours, et le vieux fou devenait de plus en plus délirant, marmonnant et s’agitant vainement, jusqu’à ce que la folie prenne le dessus… Après, tout
s’était passé très vite.
Riff qui somnole devant le feu. Un choc sur la tête, le voile noir, les membres gourds, perte des sensations, du sens de l’orientation. Plus d’oxygène, une corde qui serre autour du cou. Le corps
en hyschémie, les bras qui se crispent et râclent le sol, à la recherche de quelque chose à quoi se retenir. Les doigts qui rencontrent un objet dur. La main qui se referme dessus, et frappe à
l’aveuglette. Cri sourd du vieil homme, qui lâche prise. L’oxygène qui s’engouffre à nouveau dans les poumons, le corps qui revient à la vie. Riff arrache le sac qu’ile a sur la tête, et fait face
à son adversaire. Dans ses mains, l’objet qu’ile n’a pas lâché, en guise d’arme. C’est une pelle de chantier rouillée. Le vieux qui repart à l’assaut, Riff qui frappe de toutes ses forces avec
l’extrémité du manche. Le vieux porte ses mains à sa bouche en sang. Un autre coup fait rouler sa tête trois mètres plus loin. Le corps agité de soubresaut, de gros bouillons de sang qui s’écoulent
sur le sol.
Riff s’allume une cigarette. Les volutes de fumées qui s’éparpillent dans la pénombre de sa cabane, comme des anges de miséricorde.
Ile a toujours un peu plus faim qu’avant, depuis ce jour.
Le vieux fou voulait le dévorer, mais c’est lui qui a finit sur le barbecue.
(j'en profite pour préciser que je suis actuellement en vacances, je reviens le 9 septembre, vous tiendrez bien jusque là? t'façon vous n'avez pas le
choix!)
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Bonnes vacances ;)