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  • Partir en vacances avec Marvin et sa famille, c'était l'aboutissement d'âpres négociations. Depuis la sixième, je m'incrustais déjà régulièrement chez lui, pour manger le midi ou passer le week-end. Ses parents me paraissaient tellement sympas en comparaison avec mon paternel... J'aurais donné n'importe quoi pour qu'ils m'adoptent.

    Donc en fin de troisième, pour échapper soit à l'ennui chez moi, soit au camping avec ma tante Françoise et sa famille, Marvin et moi avons tout mis en oeuvre pour ne pas être séparés durant l'été.

    Nos parents respectifs se mirent d'accord : on devait assurer en classe. Pour Marvin, qui était plutôt paresseux, ce fut un coup dur mais il s'accrocha, on faisait nos devoirs ensemble, on se passait les antisèches pendant les contrôles... Tous les moyens étaient bons.

    Et en fin d'année scolaire, nous avions chacun une moyenne générale de 13,8, le sésame pour les meilleures vacances de notre vie. La seule chose que me dis mon père avant de partir fut :
    -Tâche de pas mettre une fille en cloque.

    Étant enfant unique, il y a des choses qui m'ont toujours paru étrange, avec les fratries. Cette faculté qu'ont les frères et soeurs de se fritter violemment, puis afficher d'une complicité sans faille cinq minutes plus tard. Ces vacances furent pour moi l'occasion d'observer ce phénomène au quotidien, mais aussi d'en faire les frais. En plus sa petite sœur Emma, était amoureuse de moi. Elle ne ratait jamais une occasion de me chatouiller, pincer, me faire les poux et les boutons... Au secours!


    Marvin et moi disposions d'une tente à part, un peu à l'écart du campement des parents. Un semblant d'autonomie qui nous permettait de nous faire passer pour des rebelles auprès des campeurs de notre âge... On était ensemble tout le temps, jusqu'à l'arrivée de Hans.

    Hans était un hardos néerlandais de dix-huit ans, qui était en vacances avec sa copine.
    Hans avait les cheveux longs, un tatouage dans le dos, un bracelet à clous et une guitare, avec laquelle il jouait du Gun's and Roses.
    Hans était majeur, méga cool et presque trilingue.
    Hans avait beaucoup de goûts communs avec Marvin.
    Et moi, avec ma coupe à la con, je me sentais de trop.

    Lorsque, au bout de quelques jours, je fit remarquer à Marvin qu'il passait plus de temps avec Hans et sa copine, qu'avec moi, il me rétorqua avec un sourire désarmant et sa totale absence de tact :
    -T'es jalouse?

    Je commençais à me dire que j'aurais mieux fait de m'emmerder deux mois à la maison plutôt que de voir mon meilleur ami me lâcher pour un sale étranger.... Quand je fis la connaissance de Nathalie.

    Elle était fan de mes yeux bleus; j'étais fan de ses marques de bronzage...
    Après nos premiers baisers, je me foutais pas mal de l'emploi du temps de Marvin.
    Je le retrouvais le soir avec d'autres ados sur la plage, autour d'un feu de bois flotté. Ma main nouée dans celle de Nathalie, on écoutait Marvin chanter du Métallica; Hans l'accompagnait à la guitare.

    À la fin de l'été, Marvin a fait ses adieux à Hans, moi j'ai dit au revoir à Nathalie. Ni lui ni moi n'avions le moindre espoir de revoir un jour l'objet de notre adoration. Loin des yeux, loin du coeur...

    Alors tous les deux, on est juste redevenu les meilleurs potes du monde.

     


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